10 juin 2016 5 10 /06 /juin /2016 13:40

En 1916, l'usine Caroll de Caudebec en Caux fabrique des avions d'observation Dorand ARL 2-A2 à moteur Lorraine de 240ch. L'entreprise est reprise en 1917 par Robert Coutant (Suisse) pour la construction d'hydravions. Le lieu bien protégé s'y prête bien et la Seine a une largeur de 300 mètres permettant l’amerrissage futur de grands hydravions.

Les hydravions RMC de Robert Coutant.

Les hydravions RMC de Robert Coutant.

De Latham à Revima

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De Latham à Revima

L'année suivante Jean Latham (portrait ci dessus), havrais d'origine, cousin du célèbre Hubert Latham, reprend à son tour les installations. Il produit sous licence quelques dizaines d'hydravions Georges Levy HB-2 avant de construire ses propres models.

Que se soit sous le nom de la Société Latham et Cie ou de Société Industrielle de Caudebec en caux, environ un prototype par an sortiront des ateliers, jusqu'en 1928, dont certains produits en série.

Le Latham trimoteur de 1919 : 4 exemplaires

De Latham à Revima

Le Latham HB-5 de 07/1921 : 10 exemplaires

De Latham à Revima

Le Latham C-1 de 08/1923 : 1 exemplaire

Le profil du bas représente le CH-1.

De Latham à Revima

Le Latham L-1 de 08/1923 : 1 exemplaire

Le Latham L-2 de 1923 : 1 exemplaire (la photo)

De Latham à Revima

Le Latham 43 en deux versions de 1924 et 1925 : 20 exemplaires + licence polonaise

De Latham à Revima
De Latham à Revima
De Latham à Revima

Le Latham E-5 de 07/1925 : 1 exemplaire

De Latham à Revima

Le Latham 45 de 1927 : 1 exemplaire

De Latham à Revima

Le Latham 230 de 1928 : 2 exemplaires

Très rare hydravion biplan français à flotteur central.

De Latham à Revima

Le Latham 47 deux prototypes en 1928 + 11 exemplaires pour la Marine et deux postaux.

Le Latham 47 et sa version postale à droite. Le Latham 47 et sa version postale à droite.

Le Latham 47 et sa version postale à droite.

De Latham à Revima

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Ce dernier appareil a marqué à jamais l'histoire de Caudebec lorsque le prototype 02 décolle, le 16 juin 1928, pour Bergen en Norvège. Il participe aux recherches au dessus des terres polaires à la recherche de l'expédition de l'italien Nobile où une quinzaine de personnes avaient embarqué dans le dirigeable Italia. Le 16 juin, le célèbre explorateur Amundsen rejoint l'équipage du Latham pour diriger les opérations de sauvetage. Le 18, alors qu'il partent pour le Spitzberg, l'appareil est perdu corps et âmes.

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De Latham à Revima

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Durant cette période, la sous-traitance a été importante avec notamment la production des biplans Breguet XIX.

Durant cette période, la sous-traitance a été importante avec notamment la production des biplans Breguet XIX.

Deux anecdotes en lien avec Le Havre:

Les chantiers navals Augustin Normand du Havre spécialiste de la coque métallique, vont en fabriquer deux pour Latham. La première de 11 mètres pour le Latham C-1 en 1923 et une seconde de 13 mètres en 1927.

De Latham à Revima

A l'occasion du Schneider Trophy couru à Cowes (Ile de Wight) à partir du 28 septembre 1923 trois constructeurs français s'inscrivent. Les deux hydravions Blanchard rejetés dès le départ puis les deux C.A.M.S et deux Latham. Ces derniers étaient embarqués sur le bateau « La Seine » de la Marine au Havre. Un autre navire, transportant les C.A.M.S, subit des avaries. Par divers subterfuges les C.A.M.S prennent la place des Latham. Ne se laissant pas décourager, les Latham rejoindront la compétition par la voie des airs au départ de Caudebec. A l'arrivée, l'un d'eux (le L-1 F-ATAM) tombe en panne. Le L-2 F-ESEJ (photo) sort premier des éliminatoires mais n'ira pas très loin dans la compétition comme les autres appareils français.

De Latham à Revima
De Latham à Revima

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Revenons à Caudebec, la SECM (Société d'emboutissage et de constructions mécaniques) de l'avionneur Amiot reprend l'entreprise, l'état en profite pour l'intégrer à la Société Générale d'Aviation (SGA).

(En photo: les installations reprisent par Amiot, elles ont changé d'aspect après l'incendie de septembre 1921.)

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Le plan du site industrielle ainsi que des logements ouvriers.

Le plan du site industrielle ainsi que des logements ouvriers.

De Latham à Revima

Le premier appareil portant le nom Amiot est l'hydravion Amiot 110 ex projet Latham 110. D'autres productions dont le célèbre bombardier ("Coins-volants) Amiot 143 sont en parties construits à Caudebec.

De Latham à Revima

En 1937, les nationalisations des industries militaires inclues la SECM-Amiot de Caudebec qui est intégrée à la SNCAN. A partir de là, il n'est pas étonnant de voir des productions venus d'autres entreprises comme le Potez-CAMS 141 Antarès. Le prototype y effectue son premier vol le 21 janvier 1938.

Durant la seconde guerre mondiale, l'occupant va utiliser la base d'hydravions de Caudebec et ses ateliers. A la sortie du conflit, l'usine va reprendre petit à petit avec la sous-traitance d'éléments aéronautiques et surtout de la construction maritime. Mais les difficultés de l'après guerre contraignent à la fermeture en 1949.

De Latham à Revima

L'usine reprend vie en 1952, grâce à sa reprise par le groupe Revima. Il se spécialise dans la révision et l'entretien de matériel aéronautique : moteurs à pistons puis à réactions, trains d'atterrissage, moteurs auxiliaires etc... ces deux dernières activités représentent aujourd'hui l’âme de l'entreprise et fait travailler environ 500 personnes.

Les bâtiments à la structure Eiffel, au pied du Pont de Brotonne, n'ont pas beaucoup changé depuis les décennies.

Le banc test des réacteurs Ghost des DH-104 Comet de l'UAT (devenue UTA).

Le banc test des réacteurs Ghost des DH-104 Comet de l'UAT (devenue UTA).

Revima aujourd'hui.

Revima aujourd'hui.

De Latham à Revima

Cela fait plus de 80 ans maintenant, que le magnifique monument, hommage aux disparus du Latham 47 surplombe la Seine. Ce week end des 11 et 12 juin, il va assister à un beau spectacle aérien. Venez nombreux découvrir ce centenaire de l'industrie aéronautique en Normandie.

Il ne faut pas oublier que l'aéronautique comprend aussi l'espace, d'où le nom de l'association, co-organisatrice, "Normandie Aeroespace". Par exemple, les moteurs des fusées Ariane sont fabriquées à Vernon, mais là on dépasse les frontières du blog. Il y aura une exposition du savoir faire des entreprises normandes durant ces deux jours.

Tous les renseignements utiles sur ce week end, dans quelques heures.

​*Source: divers texte et photos internet, Aviation Magazine N°653, 654 et 655 de 1975, Archives Municipales du Havre.

De Latham à Revima

Pour terminer cette petite retrospective de l'histoire aéronautique Caudebecquaise, je ne peux que recommander cet ouvrage qui sort pour l'évènement. Voici les informations si vous voulez vous le procurer:

Un siècle d’industrie aéronautique à Caudebec-en-Caux 1917 : hydravions Coutant, puis Latham ; 1929 rachat par Amiot, nationalisée en SNCAN en 1937 ; fermée en 1949, puis création en 1952 de la Revima actuelle : certainement la plus ancienne industrie aéronautique de Normandie. Auteur : Michel Poinfoux, président de l’Amicale Revima. 2016, format 21x28, 112 pages, 200 photos (envoi lettre verte France: 7,00 €)                        14.00 €

Association Les Cartophiles Caudebecquais, siège social : mairie, b.p.n°3, Caudebec-en-Caux, 76490 Rives-en-Seine

Contacts et adresses postales :

M. Alain Huon, 18 rue de la Vicomté, Caudebec-en-Caux, 76490 Rives-en-Seine, studio.huon@wanadoo.fr En cas d’envoi dans la région proche, nous contacter pour connaître nos possibilités de livraison gratuite, et le prix du port pour commande groupée de plusieurs livres. Possibilité de venir chercher sur place.

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commentaires

P
Tout d’abord, bravo!! sincèrement, je trouve cet article d’une clarté et d’un contenu qui n’a d’égal.<br /> Cela relate avec brio l’histoire de l'aviation de l'usine de caudebec en caux, qui aurait beaucoup plu à mon papa, ancien dirigeant de cette entreprise malheureusement décédé aujourd'hui.<br /> H.Pennetier
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B
Bonjour<br /> Merci beaucoup et je suis heureux que cela vous ait plu.<br /> <br /> Excellente soirée<br /> Cordialement
D
Quel richesse historique ton article, bravo voilà du très bon travail et bien présenté. On y apprend une foule de choses, bravo boboce !
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L
Ouaou, quelle étude historique !...<br /> Je vais lire tout cela tranquillement & vais essayer de me procurer le livre de Michel Poinfoux (sûrement à Caudebec ce WE)<br /> Merci encore pour le partage de tout ton travail d'historien<br /> Aéronautiquement,<br /> Laurent V
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