Durant une guerre, nombres de vies sont sacrifiées. Rares sont ceux qui mettent la leurs en avant, pour en sauver d'autres. Jean Maridor est de cela.
Le 3 août 1944 un V1 se dirige droit vers un hôpital Anglais. N'ayant plus aucune solution, Jean Maridor plongea délibérément sont spitfire en direction du missile, tire une rafale beaucoup trop près et explosa.
Portrait de Jean Maridor.
Jean Maridor nait le 24 novembre 1920 à Graville. Ce fils d'un couple de commerçants devient, dans sa jeunesse, un admirateur de l'aviation. Il passe son temps libre sur le terrain d'aviation de Bléville et rend des petits services, comme le nettoyage des avions, de temps en temps récompensé par des vols.
Il devient apprenti coiffeur et s’inscrit à l'aéro-club du Havre. Paul Grieu, chef pilote, le repère pour son aptitude à être à l'aise dans les airs et convivial avec les autres. C'est monsieur Yves Dubosc qui va lui laisser sa chance en lui donnant les commandes de son Caudron Aiglon.
Paul Grieu le prend ensuite sous son aile pour le former au brevet 1er degré, qu'il obtient en décembre 1936 après avoir remporté toutes les épreuves. Il est alors le plus jeune pilote de France à 16 ans. Trop jeune, car la réglementation stipule qu'il faut avoir 17 ans. Après dérogation, il obtient son brevet le 23 juin 1937. Il adhère à la section d'aviation populaire et obtient son 2ème degré en décembre. Il poursuit inlassablement ses heures de vols.
Le 15 février 1939 voit s'assombrir cette belle histoire. Paul Grieu, le mentor de Jean, est perdu dans le brouillard. Il s'écrase à bord de son Farman 402 à proximité du terrain de Bléville. Malgré cet épisode tragique, Jean continue son cursus et s'inscrit au concours de l'école de l'air d'Istres, où il est reçu brillamment en mai 1939.
Il s'engage pour 5 ans dans l'armée de l'air. Il part pour Tours au moment de la mobilisation et va ensuite entrer à l'école d'Angers-Avrillé. Durant cette période que l'on appelle la drôle de guerre, Jean parfait sa formation et sort N°1 de la promotion Z.
Il est affecté à l’école de chasse d’Etampes, avec le grade de caporal. Suite à l'avancée des troupes allemandes, l'école d'Etampes part pour la Rochelle, première étape du repli lors de la débâcle, qui va le conduire jusqu'à Saubrigues dans les Landes. Le 18 juin 1940, il décide avec ses camarades de partir pour l'Angleterre.
Grâce à l’aide de soldats polonais qui leurs donnent des insignes portant l’Aigle impérial qu’ils accrochent sur leur veste et un bérêt kaki qu’ils coiffent sur leur tête, Gérald Léon, Roland Leblond, Maurice Traisnel, Claude Béasse, René Le Bian et Jean Maridor parviennent à monter à bord du navire Arandora-Star à Saint Jean de Luz en partance pour l'Angleterre. Le 24 juin 1940, le navire appareille et ils décident d’appeler leur petite escadrille « La Patrouille ».
Combat avec un Focke Wulf 190, une de ses victoires.
Arrivé dans ce pays, il passe plusieurs semaines dans un camp militaire, jusqu'à cette fin septembre où il rejoint l'école de l'air d'Odiham. Il reprend pratiquement tout à zéro sur plusieurs bases écoles. Entre-temps, il est nommé sergent et vole pour la première fois sur un chasseur Hawker Hurricane le 15 mai 1941. Puis le 26 août 1941, il est affecté au 615 Squadron baptisé « Squadron Winston Churchill » équipé de Supermarine Spitfire.
Désormais basé à Manston avec d'autres camarades français, il est au plus près des combats. Il est ensuite affecté au 91 squadron le 12 février 1942, où il est considéré comme un pilote de la RAF à l'instar de ses autres camarades des Forces Aériennes Françaises Libres (FAFL).
A partir de ce Squadron, qui est l’un des plus prestigieux de la RAF, va s'écrire l'une plus palpitantes aventures et l'un des plus beaux palmarès Français. Il va effectuer 434 missions dont 199 offensives. Plusieurs fois gravement touché par la DCA ennemie, il réussira à rentrer, non sans difficultés, en Angleterre.
Il a abattu 3 avions et ½ en collaboration, 2 autres probables et en a endommagé 3 autres. Il a coulé ou endommagé 20 bateaux, détruit des dizaines d'objectifs au sol.
Jean Maridor se dirigeant vers son Spit.
A partir du 18 juin 1944, le 91 squadron, alors équipé de Spitfire MK-XIV, se consacre principalement à la chasse à la terrible bombe volante V1. Jean Maridor va détruire 6 de ces engins plus un ½ en collaboration avec un autre pilote.
La chasse aux V1.
Le 3 août 1944, un V1 arrive sur l'Angleterre, Jean le prend en chasse. Après plusieurs salves de ses canons, le V1 est touché. Il n’explose pas mais, déséquilibré par l’impact, se dirige sur une école reconvertie en hôpital à Benenden dans le Kent. Voyant le drame qui allait survenir, il pousse la vitesse de son Spitfire au maximum et tire une salve trop près de la bombe qui explose, entrainant dans la mort Jean Maridor.
Une semaine plus tard, il devait épouser la jeune Britannique, Jean Lambourn, officier de la Women’s Auxiliary Air Force (WAAF) dans la RAF. Son sacrifice a permis de sauver des centaines de vies.
Jean Maridor repose au cimetière Sainte Marie, depuis le rapatriement de son corps au Havre en 1948.
Samedi et dimanche 2 et 3 aout 2014 auront lieu les commemorations du 70e anniversaire de sa disparition.
Deux expositions sont proposées, une sur Jean Maridor et une sur l'histoire de l'aviation havraise, dans les locaux de l'aéro-club du Havre.
Privilégiez les après midi.
Cet article n'est qu'un petit résumé. Pour en découvrir plus, je vous conseille très vivement de regarder le travail de monsieur Jean Claude Augst sur le site internet "capitaine Jean Maridor" > ici
Jean Claude Augst proposera durant le week end une conférence par jour à partir de 15h à l'aéro-club du Havre.
*Merci à DAN (Daniel Haté auteur des oeuvres) et Michel Gouyer pour l'autorisation de diffuser les peintures ainsi que Jean Claude Augst, pour l'aide apporté à la conception du texte.